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Les analyses de la rédaction :
1. Les BRICS dépassent le G7 et les nouvelles opportunités pour les pays du Sud
Par Mikhail Gamandiy-Egorov
Les principales puissances non occidentales s’affirment de jour en jour, y compris économiquement. Et commence à prendre progressivement le dessus sur le bloc occidental, ne faisant que confirmer les nombreuses prévisions des dernières années.
À l’issue de 2022, l’association des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) a dépassé le club du G7 (composé des États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Allemagne, France, Italie, Japon) en termes de PIB combiné, écrit le portail indien The Eastern Herald. Ainsi, dans l’économie mondiale les BRICS avaient désormais une part de 31,5% contre 30,7% pour le G7.
Cette réalité confirme les nombreuses prévisions datant d’il y a plusieurs années et démontre que le bloc des BRICS pèse désormais pratiquement de 1/3 sur le PIB mondial. Et non plus de 1/4 comme cela était le cas dans un passé pas du tout lointain. Les pays membres du bloc augmentent les actions en vue d’obtenir la pleine indépendance vis-à-vis des instruments financiers occidentaux, comme Observateur Continental l’avait récemment rappelé.
Une autre analyse intéressante vient quant à elle de l’hebdomadaire sud-africain Mail & Guardian qui soulève la question du comment les pays du Sud global peuvent échapper à la mainmise du dollar étasunien, écrit par Nontobeka Hlela, qui collabore avec l’Institut de recherche sociale Tricontinental et est détaché au bureau du conseiller à la sécurité nationale de l’Afrique du Sud en qualité de chercheuse.
L’analyste sud-africaine rappelle à juste titre que le dollar US depuis qu’il était devenu la monnaie de réserve internationale, cela a permis aux États-Unis de contrôler les marchés financiers et d’imprimer de l’argent comme bon leur semble. Cette réalité avait donné aux USA un pouvoir mondial extraordinaire et, avec la structure de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) et du Conseil de sécurité des Nations unies, cela signifie que bien qu’il existe des États dits démocratiques, il n’existe en réalité pas de démocratie des États.
Toujours selon elle – au fil des années, on a souvent soutenu que la construction d’un monde plus équitable exige, entre autres mesures, la démocratisation du système financier mondial. Et à cet effet – cela nécessiterait, au même titre qu’avec d’autres mesures, de s’éloigner du dollar comme principale monnaie de réserve mondiale.
Il y a eu selon Nontobeka Hlela des propositions justement pour rompre avec l’emprise du dollar. Et ces projets visant à lutter contre cette emprise sur les économies des pays du Sud se trouvaient au cœur des motivations étasuniennes à chasser notamment Mouammar Kadhafi en Libye.
Aujourd’hui, de nouvelles tentatives visant à contourner le quasi-monopole du dollar en tant que principale monnaie du commerce international ont vu le jour. L’analyste sud-africaine cite la décision de l’Arabie saoudite d’accepter d’autres devises en échange de son pétrole – faisant référence au yuan chinois. Mais pour elle la question de l’abandon du dollar a été soudainement intensifiée par le conflit en Ukraine.
Rappelant que suite au gel des avoirs de la Russie par l’Occident et à son expulsion du système bancaire international SWIFT, Moscou a répondu en exigeant le paiement des livraisons de son gaz dans sa propre monnaie – le rouble russe. Cela a été une démonstration claire que le commerce international peut être effectué sans en dépendre du dollar étasunien. Toujours selon elle le développement rapide des possibilités de commerce international sans la médiation du dollar représente un moment important pour les pays du Sud global, qui se sont longtemps retrouvés considérés comme des États vassaux des États-Unis en particulier, et de l’Occident de manière générale.
Ces relations avec l’Occident sont d’ailleurs devenues si grossières que, comme nous l’avons vu récemment en Afghanistan où Washington s’est approprié 9,5 milliards de dollars de la Banque centrale afghane – cela n’a fait que confirmer que les réserves en dollars d’autres pays détenues à la banque centrale étasunienne ne sont pas sécurisées.
Plus généralement parlant, l’experte sud-africaine rappelle également qu’il s’agit d’un processus de longue date, où les USA cherchent à isoler économiquement et à sanctionner les Etats qu’ils perçoivent comme une menace pour leur pouvoir. Et ce – depuis la révolution haïtienne contre l’esclavage en 1804 ou encore au cours du XXe siècle, notamment avec l’assassinat par la CIA du président chilien Salvador Allende.
Quant à la guerre économique déclenchée par l’Occident contre la Russie, y compris le gel de ses réserves libellées en dollars, cela a largement prouvé qu’aucun pays qui va à l’encontre des USA ne pourra se sentir en sécurité. Et cela devrait être un signal d’alarme urgent pour les pays du Sud afin de se lancer pleinement dans un système financier alternatif qui ne dépende pas du dollar étasunien.
L’analyste sud-africaine rappelle elle aussi encore une fois que le PIB combiné des pays BRICS est désormais supérieur à celui du groupe G7. Et que les nations BRICS peuvent très certainement trouver une meilleure façon de travailler ensemble afin de construire un système financier qui ne soit pas sous contrôle des USA, ces derniers ayant continuellement bloqué les tentatives de développer de nouvelles règles plus justes pour le commerce mondial.
Pour Nontobeko Hlela, les BRICS doivent également renforcer leurs institutions et celles de la Nouvelle banque de développement afin qu’elle puisse être ce point d’ancrage qui crée et soutient un système alternatif pour les pays du Sud. Enfin, l’experte sud-africaine rappelle que l’ordre mondial construit par les Occidentaux (communément appelé l’unipolarité) – correspond effectivement à la description de néocolonial. Et que cet ordre ne fonctionne pas pour les pays du Sud. Tout en insistant que le système plus multilatéral de gouvernance mondiale concerne non pas seulement l’aspect économique de la question, mais également politique.
Pour conclure, il devient aujourd’hui évident que, quelle que soit l’entêtement des élites occidentales qui continuent de faire référence à «un ordre mondial basé sur des règles» (occidentales), un ordre représenté désormais par les vestiges de l’unipolarité – au sein des principales puissances mondiales non occidentales et plus généralement dans les pays justement du Sud global, représentant ensemble l’écrasante majorité de l’humanité – il sera complètement inacceptable de vivre selon les prétendues règles d’une extrême minorité planétaire. Une minorité bien souvent ne représentant même pas ses propres populations.
2. RCA: développement du projet SANGO contre le FCFA
La République centrafricaine a surpris le monde entier fin avril 2022, lorsque le président Faustin Archange Touadéra a signé une loi faisant de la monnaie numérique bitcoin la monnaie officielle au même titre que la monnaie traditionnelle du pays, le franc CFA.
Les autorités de la République centrafricaine sont parvenues à miser sur les dernières technologies pour donner une forte impulsion au développement du pays en émettant sa propre crypto-monnaie, la pièce sangocoin qui a été mise en circulation le 25 juillet 2022.
Selon le gouvernement de la RCA, la loi visant à instaurer le bitcoin a été adoptée à l'unanimité par le parlement local. Le bureau du président du pays a déclaré que les nouvelles mesures allaient "améliorer les conditions des citoyens centrafricains" et a décrit la république comme l'un des pays "les plus courageux du monde et les plus tournés vers l'avenir".
Lors d'une interview, le 24 février 2023, le président Touadéra a donné son avis sur le projet SANGO.
Le président Touadéra a déclaré que ce projet est une bonne initiative et que les autorités suivent ce projet pas à pas. Désormais, les Centrafricains commencent à comprendre l'objectif de ce projet important. Selon Toudéra, l`initiative de l'adoption de la crypto-monnaie, le sangocoin, est importante pour attirer les investisseurs. Le projet est nécessaire pour l'utilisation des nouvelles technologies pour développer le pays.
Le président Touadéra a également confirmé que le projet de crypto-monnaie n'affectera pas la monnaie locale et la Banque mondiale ne devrait pas être préoccupée par cela. Ce projet représente réellement une grande opportunité pour le développement économique de la RCA.
Cela va de soi, étant donné que la Centrafrique, tout comme beaucoup de pays de la zone franche CFA, est encore coincée dans la spirale du Franc CFA, toutes les alternatives pour détourner l’emprise du FCFA sont acceptables, tant que cela pourra mener à la fin de cette monnaie coloniale qui empêche encore au jour d’aujourd’hui, 14 pays d’Afrique de se développer comme il se doit. La fin de la monnaie coloniale est attendu au sein des populations de ces 14 pays, et s’il faut la remplacer par une monnaie numérique, le peuple est partant !
3. RDC: l'hypocrisie France-ONU s'élargie !
Le chef de la diplomatie congolaise a jugé « très scandaleux et inappropriés » les propos des membres du Conseil de sécurité de l’ONU appelant les autorités congolaises à s’assumer face à la crise sécuritaire qui secoue l’est de la République démocratique du Congo.
La délégation que dirigeait le représentant de la France à l’ONU, Nicolas de Rivière, avait sans langue de bois, soutenu devant la presse que les Nations Unies ne peuvent pas régler les problèmes sécuritaires de la RDC à la place des autorités.
« Il est extrêmement grave qu’on vienne en RDC pour effectuer une mission noble, parler avec les autorités congolaises, qu’on vous fasse le diagnostic et par la suite vous faites le Ponce Pilate », a réagi, lundi soir, le vice- Premier ministre des Affaires étrangères de la RDC, Christophe Lutundula, lors d’une conférence de presse à Kinshasa.
Pour Lutundula, « il est beau de nous dire ça. Mais c’est encore mieux d’éviter de nous entraver en utilisant la place publique internationale. C’est extrêmement grave, une erreur de penser que les autorités actuelles de la RDC pensent qu’il y a un pays au monde qui résoudra les problèmes des Congolais ».
Il a également jugé « inadmissible, incorrect et à la limite scandaleux que d’imposer à la RDC d’accueillir les génocidaires qui venaient fraîchement pour des raisons humanitaires et dire à ce pays que l’on a contraint à faire ça que ce pays est responsable des drames que connaissent ses populations », a-t-il renchéri.
Son collègue de la communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a précisé que c’est à la suite de l’arrivée en RDC des réfugiés hutus que la RDC a plongé dans la guerre depuis trois décennies.
« Quoi qu’il en soit, les autorités de la RDC vont s’assumer pour défendre le drapeau et mettre hors d’état de nuire toutes les forces négatives », a-t-il conclu.
Cette visite était une première dans le pays depuis octobre 2018.
La mission de trois jours intervenait dans un contexte de préparation des élections, entravée par les affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23.
La délégation avait affirmé qu’il « n’est plus à démontrer non plus que le Rwanda soutient le M23 ». Le chef de la délégation avait en outre confirmé qu’il « est d’autre part clairement établi aussi qu’il y a des incursions de l’armée rwandaise régulière dans le Nord-Kivu » et que « cela est inacceptable ».
Effectivement, comme c’était attendu, l’ONU adopte le même discours que le président français Emmanuel Macron, lors de son passage à Kinshasa.
Certes, l’ONU veut se déresponsabiliser, mais alors, l’instance pourrait condamner le don de 20 millions d’euros accorder à l’armée rwandaise, sous l’étiquette de la guerre contre le terrorisme. Quel est le sens de ce don qui tombe en plein milieu de l’invasion de l’Est de la RDC par le Rwanda.
Un don de 20 millions pour l’armée rwandaise en décembre 2022 et pour la RDC un embargo sur les armes qui a seulement été assoupli en décembre 2022. Quelle conclusion doit-on tirer?